dimanche 10 décembre 2017

Mon instant Johnny à moi...

6 Décembre 2017
Impossible d’échapper à l’information du jour, tous les médias ne parlent que de cela…
Johnny Hallyday est mort.
Les Flashs  d’information et les éditions spéciales sont sur toutes les chaînes.
La nouvelle est tombée à 2h45 du matin, il est 6h du matin, tout le gratin people dort encore et les journalistes n’ont rien pour tenir l’antenne des heures durant alors on nous diffuse en boucle le Tweet de Laeticia qui déclare que « Son Homme n’est plus »  et une rétrospective de ses plus gros succès…

Lorsque j’ai entendu je ne sais plus quelle personne interviewée déclarer que chaque Français avait au minimum un souvenir de sa vie qui avait été bercé par une musique du Rockeur, j’ai tout d’abord pensé à une ou deux soirées entre copains où nous avons entonné le fameux « Allumer le feu » en riant… Que voulez-vous, je ne suis pas une fan.
J’avais beau réfléchir et fouiller ma mémoire, je ne voyais pas d’autre souvenir jusqu’à ce que les premières notes de cette chanson résonnent dans mon salon…

Cela faisait plus de 20 ans que je n’avais pas écouté cette mélodie et en 3 minutes 48’ tout est revenu à mon esprit…

Mes 17 ans, mon année de première en section Artistique dans ce Lycée dont le simple nom fait ressurgir mes meilleurs souvenirs scolaires.
Mes trois copines inséparables, nos 400 coups, mon chéri de l’époque avec qui j’étais depuis près de 6 mois …
Et puis LUI, ce mec qui ne me laissait pas indifférente et que j’ai repéré dès le premier jour de la rentrée des classes dans le parc qui nous servait de cour de récréation…
Je me revois marcher au milieu de mes copines en nous racontant nos vacances d’été à tour de rôle, Virginie qui passait tous ses étés à Ourtin plage à faire du surf avec son frère, Stéphanie qui n’était pas partie parce que ses parents travaillaient trop et moi qui revenais de la côte d’opale, deux mois au camping avec ma bande de copains… Et je l’ai croisé, il ne m’a même pas remarqué mais je me souviens de mon trouble ce premier jour où je l’ai aperçu…
Je me souviens de ces entre-cours à le chercher discrètement du regard parce que quelque chose d’indescriptible m’attirait chez lui…
Jusqu’aux jours où mes copines finirent par remarquer quelque chose… Intriguées elles voulurent comprendre pourquoi je décrochais parfois de nos conversations et qui je suivais ainsi du regard… 
Je me souviens de leur réaction quand je leur ai parlé de lui, de leur :
- « Le grand brun là-bas avec les cheveux mi-longs et le polo Eden Park??? Bof… Je ne vois pas ce que tu lui trouves… Mais euh… Et ton chéri ??? » et de ma réponse :
- « Je ne le connais pas, je ne sais même pas comment il s’appelle, mais quelque chose en lui me fascine, m’attire…c’est plus fort que moi… »

Je me souviens de ces heures hebdomadaires de Devoirs surveillés le mardi matin de 10h à midi dans la grande salle d’étude et de ma stupeur lorsque j’ai découvert qu’il serait mon voisin chaque semaine pendant 2 heures… Sur tout le lycée, la trentaine de classes, le millier d'élèves, la Vie avait fait en sorte que nos deux classes de section totalement différentes aient le même créneau pour les DS et mieux encore que l’ordre alphabétique de son nom en fasse mon voisin…
Je connaissais maintenant son prénom… 
Je me souviens avoir pensé en souriant « Diable ! Comment un mec aussi sexy peut-il porter un prénom pareil??? » lol

En 3 minutes 48, je me suis souvenue de notre complicité croissante de semaines en semaines, mais qui se limitait à ces deux heures de devoirs coef’ 3 par semaine et quelques sourires échangés au restaurant scolaire ou dans les couloirs du lycée, sourires qui avaient toujours le don d’illuminer ma journée aumoins autant qu’ils me déstabilisaient… J’étais pourtant en couple avec un jeune homme que j’aimais sincèrement et ne comprenais pas l’origine de cette attraction totalement incontrôlable et sans fondement puisque nous ne pouvions prétendre nous connaître.

L’année scolaire s’est écoulée inexorablement, les cours se sont terminés quelques semaines avant le mois de juillet pour la préparation du bac Français et les vacances ont succédé à l’examen… Les 3 mois sans le voir me déprimaient mais je comptais sur eux pour me remettre les idées en place...
Ces vacances tinrent leurs promesses mais bien malgré moi puisque je fus victime cet été là d’un terrible accident de voiture… 
Voiture contre Vélo, le combat n’est pas très équitable et si mon chauffard ivre s’en est tiré indemne, ma colonne vertébrale n’a pas résisté à mon vol plané par dessus la voiture et ma chute inconsciente sur la route. J’ai donc passé une grande partie de mon été dans les hôpitaux, d’abord celui d’Abbeville dans la Somme, puis transférée en neuro-chirurgie à Lille puisque je représentais un cas d’étude précieux : une de mes vertèbres en plus d’être fracturée et tassée avait vrillée sur elle-même laissant miraculeusement ma moelle épinière intacte…

Ma rentrée des classes en terminale fut très compliquée… Mon état de santé ne me permettait plus de porter mes 10 kilos de matos artistique et encore moins de supporter l’heure de transport en commun et de marche qui me séparait du lycée, un transport en ambulance a donc été mis en place pour que je puisse poursuivre mes études le plus normalement possible, si tant est que débarquer au lycée  tous les matins en ambulance puisse être considéré comme « normal »!
Je me souviens de ce jour de la rentrée où mes copines me dirent que « J’avais finalement eu du flair et que toutes les filles de terminale ne parlaient plus que de ce beau mec tout bronzé qui avait fait sa rentrée en Terminale STT" … Il avait coupé ses cheveux, perdu quelques kilos et était devenu en 2 mois le mec sur qui toutes les filles ou presque se retournaient niaisement persuadée qu’il était nouveau dans l’établissement !
Est-il utile de préciser qu’en plus d’être sexy et charmeur il était maintenant canon et que cela avait très vite balayé mes 3 mois de raison.

Avec une fracture de la colonne vertébrale non stabilisée à 18 ans, la vie se complique sérieusement, le cercle d’amis diminue considérablement à mesure que l’on ne peut plus participer aux sorties et soirées de groupe, même le petit copain finit par prendre ses distances et renoncer et on finit par se retrouver très vite plus proche du personnel médical de soins réguliers que des jeunes de nôtre âge… 
Le chauffeur de l’ambulance avec qui je passais 1 heure et demi chaque jour dans les bouchons est vite devenu un copain  mais mon confident de l’époque s’appelait Dominique et était Kiné dans un centre de rééducation pour sportifs de haut-niveau… J’avais gagné ma place dans ce centre au regard de la particularité de mon dossier médical et de cette fracture que personne n’expliquait alors il me fallait les meilleurs de leur domaine.
Combien d’heures j’ai passé sur sa table à discuter pour ne pas me focaliser sur la douleur… Un lien s’est tissé de séance en séance avec un deal entre nous : "OK je parle de moi et me confie, mais une confession de moi en vaut une de toi !!! » 
Il voulait comprendre ce qui m’était arrivé, pourquoi j’étais seule alors que j’étais « belle comme un coeur et la tête bien remplie » qu’il disait,  alors je lui ai parlé de mon chéri  de plusieurs mois qui s’ était fait la malle et que je n’avais pas retenue parce que mon coeur battait pour un autre que je ne connaissais même pas… Je lui ai confié toute l’histoire en échange de ses confessions sur sa femme et ses enfants…

Et puis un soir après une séance particulièrement douloureuse où beaucoup de larmes de douleur avaient coulées et qui avait duré un peu plus longtemps que prévue, je suis tombée littéralement nez à nez avec lui dans le cabinet … Genre comme dans les films au scénario couru d’avance où les deux protagonistes se percutent au coin d’une rue ou sur le seuil d’une porte… Et bien pareil ! J’ouvre la porte pour sortir et lui la poussait pour rentrer !!!
Sur les centaines de Kiné de la métropole Lilloise et le millier d’élèves du lycée comment était-il possible qu’il se trouve là, dans CE centre de rééducation à pousser la porte de MON kiné ??? 
Je ne sais pas exactement combien de temps je suis restée là debout, immobile, livide avant de faire un malaise et que Dominique me rallonge sur la table  pour que je reprenne mes esprits…
Je me souviens de ma confusion, de mon incompréhension, je me souviens avoir demandé à Dominique si il le savait, si il l’avait fait exprès, de lui avoir demandé plus fort comment c’était possible ? Pourquoi ???
Je me souviens de son regard perdu, de son incompréhension, il ne cessait de me demander si j’allais bien, il trouvait que mes propos n’avaient ni queue ni tête… Il était sérieusement inquiet pour moi jusqu’à ce que je lui explique tout bas pour ne pas qu’il entende à travers la porte :
-"Le garçon dont nous parlons depuis des mois… Mon coup de coeur irraisonné, celui pour lequel je n’ai pas retenu mon ex… il est là, juste derrière cette porte et il vient TE voir !!!! C’EST UNE BLAGUE OU QUOI ??? »
Je lui ai même demandé en regardant au plafond si il y avait une caméra cachée quelque part…

Dominique était stupéfait de l’ampleur de cette coïncidence qui marqua le jour où j’ai cessé de croire aux « coïncidences » dans ma vie…
Il m’expliqua que c’était un sportif de haut-niveau et qu’il venait se faire soigner ici suite à une blessure…
J’avais un Kiné/Ami plutôt chouette, il se trouve qu’il n’avait pas de secrétaire et devinez quels rendez-vous il prenait systématiquement à la suite du miens…
Forcément cela n’a pas arrangé mon petit coeur…

En même temps, les enfoirés venaient de sortir leur dernier album et je découvrais la reprise par JJ Goldman et Patricia Kaas  de « Je te promets » …  Une déclaration d’amour de toute beauté dont les mots me touchaient en plein coeur, un tube que je pouvais écouter en boucle laissant mon coeur rêver à celui à qui je dédiais secrètement ces phrases mais qui ne les entendrait jamais…

Et puis le jour de ma dernière séance chez le kiné qui correspondait à la dernière semaine de l’année scolaire arriva…
Ce jour là, mon ambulance me fit faux-bond et je dû décommander ma séance de la cabine téléphonique de mon lycée… Je n’ai jamais su ce qui s’était tramé, qui avait fait quoi, toujours est-il qu’alors que je pensais devoir attendre une demi-heure devant le lycée pour qu’un autre VSL vienne me chercher, une voiture s’arrêta à ma hauteur et quand la vitre du conducteur s’abaissa, Il me lança : Il me semble que l’on va au même endroit, je t’emmène, c’est vu avec Dom’ il t’attend !!!
Je me souviens être montée dans la voiture toute tremblante, m’être assise devant et avoir essayé de tenir une conversation en me maudissant de perdre autant mes moyens…Je me souviens avoir pensé qu’il ne semblait pas plus à l’aise que moi et qui lui aussi cherchait à parler de la pluie et du beau temps , nerveusement… Ridicule nous étions, ne nous mentons pas !!! 
Quand il finit par allumer l’auto-radio pour briser le malaise,  les premières notes de "Je te promets » retentirent dans la voiture alors qu'il s’arrêtait à un feu.
  • "Ouch…..  Voilà! »  souffla-t-il…  
  • "Oui Voilà, tout est dit" lui ai-je répondu alors qu’il montait le son laissant la musique totalement envahir l’habitacle… 
Nous sommes restés longtemps, très longtemps à nous regarder les yeux dans les yeux, en silence, avec une tension palpable  et les automobilistes derrière nous klaxonnèrent une paire de fois avant de nous sortir de notre torpeur et de rompre le charme de cet instant suspendu qui était à deux secondes de nous faire basculer…
J’avais la certitude de ne jamais pouvoir oublier les mots de cette promesse à jamais gravés dans mon coeur et dans ma tête... Et aux premières notes de musique tout est revenu, chaque phrase, chaque mot, je n'ai rien oublié.


Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces

Je te promets la clé des secrets de mon âme
Je te promets ma vie de mes rires à mes larmes
Je te promets le feu à la place des armes
Plus jamais des adieux rien que des au-revoirs

J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
J'ai tant besoin d'y croire encore

Je te promets des jours tout bleus comme tes veines
Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
Des heures incandescentes et des minutes blanches
Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches

Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir

J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
Si tu m'aides à y croire encore

Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écris à la craie
On fait bien des grands feu en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut juste essayer pour voir

Et même si c'est pas vrai, même si je mens
Si les mots sont usés, légers comme du vent
Et même si notre histoire se termine au matin
J'te promets un moment de fièvre et de douceur
pas toute le nuit mais quelques heures …

La chanson s’est terminée avec notre voyage, Dominique m’attendait sur le Trottoir pour m’aider à monter mes affaires. 
L’instant avant de descendre de la voiture un « Waouuuuh » nous échappa simultanément, rien d’autre.
Nous avions tous les deux conscience que c’était la dernière fois que nous nous voyions et que le lycée terminé nos chemins se sépareraient, mais nous avons tous deux été incapables de tenter quoi que ce soit qui aurait pu changer le fil des choses…Il est des histoires non vécues qui laissent des souvenirs plus forts que des faits avérés...
Si j'avais voulu, Dominique m'aurait donné ses coordonnées... Je me laissais l'été pour faire le point sachant qu'il serait absent en Juillet et moi en Aout.
Un mois plus tard je rencontrais celui qui allait devenir mon mari  et avec qui je vis depuis plus de 20 ans maintenant.

Et il m’aura fallu 23 ans pour poser des mots sur un tendre souvenir d'adolescence, "mon instant Johnny à moi »...
Et vous? C'est quoi votre "instant Johnny à vous" ???


jeudi 11 mai 2017

Réjouissons nous de la saleté de nos enfants !!!!

19 heures à la maison, mercredi 10 mai 2017  c'est le coup de feu de la soirée...
Je m'active pour préparer le repas partagée entre la cuisine et le jardin pour le barbecue, entre deux je persécute ma tribu pour un peu d'aide et veille à ce que la grande ne se disperse pas sur son téléphone en mettant la table et que ma moyenne ne s'affale pas dans le canap' devant les clips entre deux allers et retours pour vider le lave vaisselle... Le papa n'est pas encore rentré, les chiens s'agitent de me voir en cuisine pensant que l'heure de la gamelle est proche... Dans la salle de bain le sèche linge bippe depuis déjà 5 minutes m'indiquant que le programme est terminé et que si je ne veux pas des vêtements tout froissés, il me reste moins de 5 minutes pour aller lui ouvrir le ventre et plier les 5 kilos de linge propre quotidien de la tribu...
Sauf que je ne dois surtout pas oublier de signer le chèque pour la cantine du collège, ni de rappeler à mon ainée qu'il ne lui reste que demain pour retirer le dossier de bourse Jaune ,  et de vérifier que l' URSSAF a bien effectué le prélèvement automatique parce que le trimestre dernier leur serveur a merdé et c'est pourtant à moi qu'ils ont facturé les pénalités de retard...
Je dois aussi m'occuper de deux de mes clients ce soir et j'ai beau réfléchir dans tous les sens , je ne suis pas posée avant 22 heures, même si plus rien ne se rajoute.
Je pense que ce genre de soirée et cette illustration de charge mentale doit parler à beaucoup de mères de famille...
Et donc à ce moment là mon petit dernier 10 ans débarque dans la cuisine en me disant "Maman va falloir faire une lessive parce que mes vêtements sont tout sales...regarde !!!"
Je me retourne pour jeter un rapide coup d'oeil et acquiescer histoire qu'il quitte les lieux et ne me ralentisse pas dans mon organisation réglée quasi à la minute quand je le découvre dans un état qui imposait  de lui même trempage et détachant avant lavage !
Fatiguée de ma journée et de ce rajout de travail j'ai ouvert grand la bouche prête à balancer à plein poumons  un truc du genre :

- ARRRRGLLLL !!!! 
MAIS CE N'EST PAS JUSTE SALE ÇA !!!!! 
TON PANTALONS ETAIT BLEU CIEL 
ET IL EST TELLEMENT PLEIN DE POUSSIÈRES 
QU'IL EST GRIS!!! 
CINQUANTE NUANCES DE GRIS 
DES FESSES AUX GENOUX 
EN PASSANT PAR LES JAMBES !!! 

MAIS CE N'EST PAS POSSIBLE ! 
COMMENT TU FAIS POUR 
RENTRER AUSSI  NOIROUF !!!! 
TON TEE-SHIRT EST TACHÉ DE CHOCOLAT, 
RUINÉ DE SUEUR , 
BIEN ÉLIMÉ DANS LE DOS D'AILLEURS !!! 

TU NE PEUX PAS FAIRE UN PEU 
ATTENTION A TES AFFAIRES !!! 
TU CROIS QUE JE N'AI QUE ÇA A FAIRE  
QUE DE PASSER MA VIE A FAIRE DES LESSIVES ??? 
JE SUIS TA MAMAN PAS TA BLANCHISSEUSE !!! ...


Mais rien n'est sorti...
Avant que ma fatigue et ma colère de ne voir qu'une charge de travail supplémentaire ne s'expriment, la réflexion et la raison avaient repris le contrôle...

Evidement, crier ne sert à rien comme c'est écrit dans tous les bouquins d'éducations positive  et bienveillante...
Evidement, j'en ai bien conscience la majeure partie du temps, mais il y a des moments où on crie et on se dit après coup que finalement, à part nous décharger nous de ces mauvaises énergies, cela n'a servi à rien... Pire ! L'enfant crié se retrouve alors chargé de toute cette colère et la déchargera a son tour sur quelqu'un d'autre , bien souvent les frères ou soeurs, qui à leur tour... Et ainsi de suite...
Enfin Bref vous avez compris !




Mais au delà de cela, j'ai pris conscience que si mon petit homme était si crado à 19h c'est parce qu'il avait passé son après-midi à faire du roller-derby avec sa soeur sur le parking de la gare, qu'il était tombé souvent, qu'il s'était relevé encore et encore pour apprendre et s'amuser au lieu de rentrer en chouinant pour se poser devant la télévision...
Ils avaient passé du temps ensemble, goûté assis par terre n'importe où parce qu'à 10 ans on s'en fout et on s'assoit ou on veut et quand on veut et que cela fait partie des privilèges des enfants...
Et oui, nous les adultes avons trop souvent perdu cette liberté, dépassée par des contraintes qui n'existent que dans nos têtes et qui comprennent souvent l'interprétation et le regard des autres ou juste le "ça ne se fait plus à notre âge"...
De midi à 19 heures, ils avaient bricolé dans le garage avec leur papa, fabriqué un spinner avec des vieux roulements de skate et des serre'clips, imaginé,  crée, patiné, rit...
Ils se sont fabriqués des souvenirs loin des télévisions, des consoles de jeux, des écrans de téléphone portables... Ils ont vécu une vie d'enfant que j'ai presque envie d'appeler "à l'ancienne"...

Le soir ils étaient fatigués, éteints même, il n'ont pas eu besoin de berceuse pour s'endormir et il n'a pas fallu leur demander 5 fois d'aller se coucher... Ils s'étaient tellement dépensés dehors que le sommeil fut aussi rapide que réparateur...

Alors je me suis dit que finalement, j'aimais quand mes enfants rentraient tout crapés !
Et je pousse même jusqu'à plus ils sont crapés, plus ils doivent être heureux!!!
Alors je n'allais quand même pas leur crier dessus pour une lessive...

Après quelques secondes bouche ouverte et silencieuse et sous le regard interpellé de mon petit homme, j'ai fini par lui demander si il avait passé une bonne journée !!!
Et son engouement à me répondre le "OH OUIIIIII ALORS !!!" Fut la meilleurs des compensations pour mon surplus de lessive...

jeudi 4 mai 2017

Lorsque bienveillance rime avec infinie patience...

Au lendemain de mes 40 ans, j'ai soudain envie de vous raconter une histoire, un petit morceau de ma vie , parce que je trouve que ce petit morceau mérite d'être partagé et pourra peut-être redonner de l'espoir à quelques lecteurs...

Il y a 16 ans j'ai emménagé dans ma maison (Lutin!!! déjà 16 ans !!!), nôtre havre de paix situé dans une impasse d'une quarantaine de maisons...
Un quartier merveilleux que tous nos visiteurs nous envient  et qui serait juste parfait si il était un petit peu plus ensoleillé et chaud.
Une rue qui ne ressemble à aucune autre rue que je connaisse et dans laquelle les gens se connaissent tous, se saluent par leurs prénoms, partagent les récoltes maraîchères de leurs jardins, organisent des trocs cerises contre framboises, salades contre patissons... Des soirées foot dans le jardin des uns, des apéros ou barbecue dans le jardin des autres...
Une rue avec des voisins généreux, avenants, qui se précipitent pour venir aider celui qui ramène un meuble trop lourd ou trop encombrant, qui se soucient de leurs prochains, prennent des nouvelles des enfants, les emmènent et les récupèrent à l'école si vous êtes malades ou que le travail vous retient...
Une rue dans laquelle on part en vacances sereins parce que l'on sait que 5 autres voisins ont proposé de veiller sur la maison, et dans laquelle on rentre avec le coeur plus léger car on y est chaleureusement accueillis à notre retour...
Bref, je pourrais vous parler de ma rue pendant des pages et des pages mais je pense que vous avez saisis l'essentiel...

Maintenant, dans ma rue comme dans toutes les autres rues , il y a aussi des gens qui sont moins sociables, plus renfermés, voire carrément isolés... Mais fort heureusement ils sont en minorité.
A mes yeux, cela ne fait aucune différence, je salue de la même manière chaque personne et me heurte parfois à des tempéraments plus ou moins susceptibles...
Ainsi il y a dans ma rue une femme d'une soixantaine d'année, peut-être même plus aujourd'hui qui ne salue jamais personne.
Chaque fois que qu'une personne lui dit bonjour elle va jusqu'à tourner la tête dans le sens opposé histoire d'enfoncer le clou de son silence.
Si l'on peut penser la première fois qu'elle est peut-être tout simplement mal lunée, les fois suivantes ne laissent guère de doute sur la nature de ses sentiments à nos égards.
Certains sont même allés jusqu'à conclure très rapidement que "c'est une vieille conne" avec des variantes du genre "aigrie", "présomptueuse" et j'en passe de plus éloquents et plus fleuris ...

Moi je suis plutôt du genre à penser qu'il y a du bon dans chaque personne et que cette femme devait être sacrément malheureuse pour en arriver à ce point. Alors je ne me décourage pas et je continue de lui envoyer toute ma bienveillance chaque fois que je la croise, la gratifiant d'un bonjour et d'un  sourire sincère, même si tous deux demeurent sans réponse je me dis que petit à petit, à force de recevoir de l'amour, cela devrait finir par rallumer un petit quelque chose au fond de son coeur...
Et je suis du genre têtue-buttée-bornée et persévérante !

Un jour,  il y a quelques années, en organisant pour la première fois la fête des voisins de la rue, je suis allée sonner chez elle car même si je n'ai jamais douté une seule seconde de son refus, je tenais à ce que chacun soit invité.
Elle a ouvert son portail et m'a hurlé dessus que j'étais gonflée d'oser sonner ainsi chez elle alors que je ne lui disais jamais bonjour et a fini par me jeter un pot de fleur à la figure avant de me claquer la porte au nez !
Le pot de fleurs esquivé de justesse, je suis restée immobile un long moment me demandant si je n'avais pas rêvé ces dernières minutes totalement délirantes...
Objectivement j'étais quasiment la seule personne de la rue à chercher encore à lui adresser la parole et elle m'accusait moi, de ne jamais dire bonjour alors que cela faisait déjà quelques années que les rares fois où je la croisais je ne manquais jamais une salutation sans jamais la moindre réponse ni le moindre regard !

Méa culpa j'avoue tout ce soir là je suis rentrée chez moi en grommelant que c'était une vieille conne et que son cas était perdu et qu'elle pouvait bien aller se faire voir !!! (Et encore je vous la fait courte et soft car ce n'était peut-être pas tout à fait les mots exacts employés ce soir là :-P )

Une fois la colère dissipée, le lendemain matin, je me suis souvenue de mes formations de psychologie et du fait que bien souvent les personnes en détresse accusaient leurs proches de ce qu'elles se reprochaient elles-mêmes... Ainsi se reprochait-elle de ne jamais me saluer... Tiens donc !
Il y avait donc bien quelque chose qui évoluait et son cas n'était peut-être pas tout a fait perdu !
Vous auriez dû voir sa tête le lendemain de l'incident diplomatique lorsque je l'ai salué de mon plus beau sourire, ni hypocrite ni en colère, juste avec empathie et bienveillance...
Elle ne m'a pas répondu pour autant...

Mes enfants grandissaient , les années s'écoulaient ponctuées de :

- Mamaaaaaan, regarde voilà la dame qui ne dit jamais bonjour ! Mais pourquoi tu veux qu'on continue de lui dire bonjour alors qu'elle ne nous répond jamais ?
- Parce que je crois que cette femme doit être terriblement seule et malheureuse pour en arriver là, alors nous qui avons la chance d'être heureux et entourés d'amour, il est de notre devoir de le distribuer autour de nous, et crois moi que c'est peut-être celle qui en a le plus besoin autour de nous.

Ou :

- Mais maman ça va faire 10 ans que tu lui dit bonjour et que tu lui souris chaque fois que tu la croises! Si elle devait te répondre je pense qu'elle l'aurait fait un jour !!!
- Et bien un vieux dicton dit que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir... Je persévère...

Au  bout de 14 ans, j'ai finit par penser qu'elle ne me répondrait jamais... Mais je ne voulais pas me résigner à ne plus la saluer car cela aurait été comme si sa tristesse et son chagrin avaient eu raison d'une partie lumineuse de moi, alors j'ai décidé de continuer, encore et encore, même si jamais je ne devais recevoir le moindre regard...

Et puis cet hiver, le miracle se produisit!!! Un matin ou je n'attendais plus rien depuis plus de 2 ans... Elle ne détourna plus le regard et bredouilla un "Bonjour" si faible que je me suis demandée si je ne l'avais pas rêvé !!!! Je me suis figée dans ma marche, la bouche ouverte incapable de répondre quoi que ce soit tandis qu'elle continua sa course comme si rien ne s'était passé !
Je n'avais qu'une envie : celle de courir à sa poursuite, l'interpeller par le bras et lui dire :

- Vous m'avez bien dit bonjour là ? Je n'ai pas rêvé hein ???
Lutin !!!! Ca vous aura pris 16 ans pour me dire enfin bonjour !!!! 

J'avais envie de la prendre dans mes bras, de lui faire un câlin limite en la faisant tournoyer cette petite mamie! J'avais envie de l'embrasser sur les deux joues et de la remercier!!!
Bon je ne voulais pas non plus l'effrayer de peur que ses prochains mots ne soient pour  2031 alors je n'ai rien dit mais je suis rentrée à la maison avec le sourire jusqu'aux oreilles  et une chaleur inédite dans le coeur ! J'avais réussit !!! Cela m'a prit 16 ans ! LUTIN !!! SEIZE ANS !!!!


La semaine suivante, le bonjour était un peu plus audible, la suivante plus franche encore !
Le mois dernier elle nous a même encouragé dans nos travaux extérieurs sous le regard médusé de nos enfants qui jouaient dehors !!!!

Pourquoi je vous raconte cela aujourd'hui ?
Pas seulement pour vous offrir la confirmation que je suis suffisamment ravagée pour saluer chaque semaine une personne qui ne m'a jamais répondu en 16 ans, soit à peu près 832 fois sans compter les années bissextiles !
Non ce que je voulais partager c'est le message de foi en l'immense pouvoir de la bienveillance, de l'amour et surtout de la patience !!!
Il y a du bon dans chacun d'entre nous, et certaines personnes ont été tellement malmenées par la vie que cette part de lumière est enfouie si profondément en elles qu'il faut 16 ans pour la faire émerger, mais quel bonheur de voir la lumière se rallumer au fond de leurs yeux !!! Ce sont des précieux cadeaux de la vie...qui se partagent et c'est ce que j'ai fait ce soir...
J'espère que cet article changera votre regard sur "une conne de voisine" , "un abruti de client" ou "un odieux personnage", qu'il vous permettra de l'aider à retrouver la foi et la confiance en l'autre et que vous serez gratifiée d'un précieux sourire que jamais de votre vie vous n'oublierez...